Je poursuis juste ma série sur les procédés rhétoriques — ces petites armes du langage qui influencent notre jugement sans qu’on s’en rende toujours compte.
🎤 Il y a quelques mois, lors d’une conférence, Gabriel Attal s’exprime derrière un pupitre portant les mots :
« La France apaisée. »
Un journaliste de Quotidien l’interpelle et lui glisse :
« C’était le slogan de Madame Le Pen. »
Sous-entendu : si vous reprenez le même mot, vous partagez peut-être la même vision. Attaque implicite, mais efficace.
Ce procédé porte un nom : l’argument de la mauvaise compagnie.
💡 Il consiste à disqualifier une idée en la rattachant à une personne ou un groupe jugé indésirable, au lieu de la discuter sur le fond.
Ce sophisme joue sur un réflexe émotionnel puissant : la peur d’être assimilé.
Et il pousse souvent celui qui parle à se justifier plutôt qu’à argumenter.
En l’occurrence, je ne sais plus quelle fut exactement la réponse d’Attal mais cela revenait à dire quelque chose comme ça :
« Ce n’est pas parce qu’elle dit que le soleil est jaune que je vais dire le contraire. »
Autrement dit : une idée ne devient pas fausse parce qu’un adversaire la partage.
On croise ce raisonnement dans tous les domaines :
– «Tu travailles avec cette boîte ? Ils ont eu un bad buzz.»
– «Tu parles de storytelling ? C’est du marketing déguisé. »
– «Tu regardes cette émission ? C’est orienté, tu sais »
Même schéma : on attaque la fréquentation, pas le contenu.
🎯 La parade ?
Revenir au fond, calmement :
« Indépendamment de qui le dit, que penses-tu de ce qui est dit ? »
Précision : je ne fais pas de politique, j’analyse uniquement la forme.
(Cela dit… une France apaisée, on en aurait effectivement bien besoin en ce moment 😉)
Et si l’on jugeait enfin les idées pour ce qu’elles sont, plutôt que pour ceux qui les portent.